Morzine se situe en tête du haut massif du Chablais, et s’étend sur des altitudes qui varient de 985 à 2466 mètres. La situation de ce territoire face au soleil levant aurait donné son nom à la commune, « Morgen » signifiant « matin ». L’autre traduction viendrait de « Morge » qui désigne une rivière servant de frontière.

Les armoiries du village présentent ces deux éléments d’interprétation, le soleil en chef de l’écu et la Dranse, surmontée du vieux pont, autrefois recouvert d’une halle, en pointe.

Les 4410 hectares de surfaces se répartissent en partie entre les alpages qui se transforment l’hiver en domaine skiable, et les forêts si précieuses pour l’habitat, le chauffage et l’économie locale.

Morzine-Avoriaz, au fil des ors

L’or vert

Morzine se trouve sur le territoire que les moines de l’abbaye d’Aulps avaient nommé à leur arrivée la “valis di alpibus“, vallée des alpages. Si elles sont entretenues aujourd’hui par des troupeaux d’une poignée d’agriculteurs professionnels, jusqu’au milieu du 20ème siècle, ces prairies alpines représentaient des terres précieuses pour le pâturage des bêtes, que chaque famille morzinoise possédait pour subvenir aux besoins du quotidien.

Un mode de vie bien spécifique en découlait, au fil des saisons. Celui-ci se devine aujourd’hui dans l’habitat traditionnel qui garde les traces de ce passé agropastoral : fermes traditionnelles abritant autrefois sous le même toit familles, bêtes, cave et réserves de foin, et grenier à grains à l’écart de la maison. En altitude, les chalets d’alpage en bois étaient investis durant l’été, tandis que les troupeaux y profitaient d’une herbe riche se développant sur des sols morainiques. Fromages et beurre, fruits de ce travail, constituaient alors une récompense d’une grande valeur.

L’or gris

La découverte en 1734 d’un ban rocheux d’une qualité exceptionnelle est le point de départ d’une activité fructueuse et prospère pour Morzine durant près de 2 siècles. Né d’un dépôt sédimentaire lent et régulier il y a 190 millions d’année dans l’océan alpin, ce calcaire en plaquettes fut extrait dans une centaine de mines dont on distingue encore de nombreuses ouvertures dans la paroi rocheuse de la vallée de Sous-le-Saix. Au 19ème siècle, l’ardoise de Morzine offrait du travail sur place pour tout l’hiver pour 200 à 300 morzinois. Comportant une part d’argile dans sa composition, elle assure une couverture des toits des maisons du Haut-Chablais imperméable et durable contre les conditions climatiques rigoureuses de la montagne.

Au 19ème siècle, l’ardoise de Morzine offrait du travail sur place pour tout l’hiver pour 200 à 300 morzinois. Comportant une part d’argile dans sa composition, elle assure une couverture des toits des maisons du Haut-Chablais imperméable et durable contre les conditions climatiques rigoureuses de la montagne.

L’or bleu

Deux “Dranses“, nom donné aux rivières du Haut-Chablais, traversent la commune de Morzine et se rejoignent en son bourg. Sur leur chemin, elles ont de tout temps été captées et empruntées par des équipements nécessaires à l’activité quotidienne. Les hameaux portant le nom de « Meuniers » ou encore « les Moulins » témoignent de la présence passée d’installations pour battre le chanvre ou moudre le blé.

Plus tard, ces mêmes équipements serviront à scier le bois. En témoignent les “bézières“, canaux de bois canalisant l’eau pour l’acheminer vers les scieries à battante. Enfin, Morzine saura capturer la force hydraulique dans des conduites forcées pour produire une électricité “verte“, devenant ainsi en 1904 une des premières communes de Haute-Savoie à éclairer l’intérieur des maisons mais aussi le domaine public.

L’or blanc

Si les premiers touristes ont visité Morzine en été, au départ pour des raisons sanitaires, c’est l’adoption d’une économie autour de la neige qui fait aujourd’hui la notoriété de Morzine, pionnière sur de nombreux points. En 1934, le téléphérique du Pléney transporte les skieurs depuis le village : il est alors le 3ème de France, après Chamonix et Megève. Dans les années 1950, on peut déjà rejoindre Super Morzine depuis les Bois Venants grâce aux télébennes.

Après l’équipement de la montagne de Nyon vient la grande aventure d’Avoriaz, terre d’alpage qui devient une station de troisième génération à la renommée internationale. En 1963, le téléphérique des Prodains est alors le plus rapide du monde.

Avoriaz

Ambitionnant le développement d’une station en haute altitude, élus et décideurs missionnent en 1960 le jeune morzinois Jean Vuarnet, fraîchement médaillé olympique, pour ce projet d’envergure. Alors que les modes de vie évoluent, les hauts plateaux d’alpage d’Avoriaz se vident de leurs troupeaux, laissant place à de grands champs de neige skiables.

Jean Vuarnet, plus spécialiste des profils de pistes, s’entoure de deux collaborateurs essentiels à la réussite du projet : l’architecte Jacques Labro donne l’identité unique à la station, en construisant des bâtiments aux formes et aux couleurs épousant celles des montagnes environnantes, tandis que le promoteur Gérard Brémond travaille sans cesse à développer la notoriété de cette station sans voiture, représentant le “Saint Tropez des neiges“ de l’époque.

En 1973 le festival du Film Fantastique voit le jour et contribuera, pendant 20 ans à cette promotion, réunissant les plus grandes stars de ces deux décennies. L’image pionnière, novatrice et écoresponsable d’Avoriaz sont aujourd’hui indiscutables.

Un peu d’histoire ?

Les Possédées de Morzine

A partir de 1857, un mal mystérieux touche Morzine, et plus particulièrement ses jeunes habitantes. Pendant plus de 10 ans, ces femmes sont prises régulièrement de convulsions, hallucinations, se disant pour certaines habitées par le diable… Des scènes d’hystérie collective ont lieu fréquemment, et les nombreux praticiens, laïques, religieux, envoyés par les autorités pour soigner ces maux restent bien impuissants. Plusieurs théories se sont succédées pour tenter d’expliquer ces faits : sorcellerie, maladie mentale ou encore intoxication à l’ergot de seigle… Si rien ne peut être conclu scientifiquement, il s’avère que les conditions de vie de cette époque étaient particulièrement difficiles pour ces femmes menant une vie de grande labeur, dans une vallée qui sortit de son isolement après cet événement grâce à la construction de la route menant au Bas Chablais.